Une grosse daube pour l'été ?

Publié le par arille

Rien de tel qu'une grosse daube pour l'été. Je veux dire un bon nanar au cinéma ou en DVD. J'ai visionné pour vous Sucker Punch : une daube assaisonnée à point que je me fais un plaisir de vous servir.

 

Une pauvre orpheline qui vient de perdre sa maman essaie de se défendre contre les ardeurs de son beau-père (référence culturelle = Lolita ou, en plus subservif puisque là il s'agit du père et non du beau-père, Peau d'Ane). La mère n'est pas encore enterrée que le beau-père décide de se venger sur la petite soeur, moins coriace. En défendant la vertu de sa petite soeur, la blonde à couettes la descend (je répète Houston , elle TUE sa petite soeur)... Facile pour le beau-père, qui vient de prendre connaissance du testament de la mère qui laisse tout à ses filles, de faire passer la blonde pour une folle, direction hôpital pour "insane people" (référence culturelle = la maison du docteur Edwards ou Shutter island) où le projet est, puisqu'elle est si dangereuse, de la lobotomiser, mais dans trois jours pour laisser le temps au film de se tourner. Une fois qu'elle a fini de chialer, l'orpheline, dont on voit qu'elle a des capacités malgré ses couettes et son élastique autour du crâne, se transpose dans un feuilleté de fantasmes à seule fin d'échapper par l'imagination à son triste sort (référence culturelle = tous les films hors ceux d'action tournés entre 1960 et 1970 ou Inception). Fantasme 1 : elle est danseuse légère dans un bordel et chaque fois qu'elle danse, c'est si époustouflant que tout le monde est médusé et applaudit au ralenti. MAIS , et attention, suivez bien, voilà le plus beau, chaque descente dans le fantasme 1 la projette à l'aide d'un petit flocon de neige hyper mignon qui touche sa paupière dans le fantasme 2, où elle se retrouve avec quatre copines (référence cultuelle = Club des cinq ou Drôle de dames ou Kill Bill) en guerrière guidée par un gourou vieux mais bien conservé. Lequel lui donne des armes, des conseils et lui dit qu'elle doit réunir cinq objets : une clef, une carte, un couteau et un briquet (référence culturelle = le manuel des castors junior ou un rallye du Lions Club).

 

Pour ne pas heurter la sensibilité des âmes pures, les adversaires à combattre sont soit des robots soit des soldats morts que les méchants Allemands (je m'excuse pour les Allemands) ont fait revenir à la vie pour avoir plus de soldats (référence culturelle = Shakespeare ou Taram et le chaudron magique de Disney ou Kurosawa). Pour les soldats morts, quand on les sabre ça fait un petit pchitt avec un jet de vapeur. Donc la fille se bat avec son mentor et ses copines et pendant qu'elle est dans son fantasme guerrier 2, les autres sont dans le fantasme bordélique 1 et croient la voir danser (alors qu'elle se bat !!!) Ils sont médusés et cela tient peut-être à sa tenue (chaussettes montantes façon bas, jupe de cinq centimètres, haut riquiqui, couettes blondes).

 

Parenthèse : dans toute l'histoire l'héroïne se fait appeler Baby Doll, ce qui chiffonne ma logique car la référence culturelle n'est pas la bonne, elle aurait dû en effet s'appeler Lolita (référence culturelle Nabokov ou Kubrick). Bon, passons.

 

Les deux première prises se passent bien, les filles profitent de la danse/combat guerrier de Baby Doll pour voler la carte et le briquet mais tout se corse quand le tenancier du bordel s'aperçoit des vols. Il fait alors parler la plus cloche des filles qui en dénonce une autre, résultat il les abat à bout portant toutes les deux, et là personne ne se soucie des âmes sensibles. Il ne reste que deux filles maintenant car le vol du couteau se passe mal, le cuisteau balèze n'étant pas disposé à perdre son précieux instrument, la voleuse passe de vie à trépas. On y voit plus clair.

 

Parenthèse 2 : le scénario a dû être écrit par un adolescent de 13 ans et demi car c'est moitié baston moitié jeu vidéo.

 

J'abrège. Il ne vous avait pas échappé que le gourou n'avait cité que quatre objets sur les cinq. Si vous ne l'aviez pas noté, vous êtes bon pour tout relire. Sinon, le cinquième objet ou cinquième élément (réf cul = Besson ou Philip Dick), quel est-il ? La blonde a une illumination : le cinquième bidule, c'est elle-même ! Elle comprend alors qu'elle faisait partie d'un TOUT constitué de cinq objets destinés à permettre la libération d'une AUTRE blonde ! Et là, elle explique froidement que l'héroïne n'est pas elle-même, mais l'autre ! Je dois dire que l'effet de surprise est total. Le spectateur est donc un gros couillon car il croyait que l'héroïne était Baby Doll, celle qu'on voyait tout le temps et que tout le monde applaudissait au ralenti (moi quand je fais ça dans la vraie vie, c'est que je n'aime pas trop, mais on n'est pas là pour parler de moi, on a déjà fort à faire avec Baby Doll). Là, elle se sacrifie et se laisse lobotomiser (réf Q = Shutter Island ou la mort de Don Quichotte) tandis que le gourou continue dans les fantasmes engloutis à énoncer ses sagesses "Pour ceux qui se battent, la vie a une saveur que ceux qui se protègent ne connaitront jamais !" Nous avons donc une double message contradictoire. Battez-vous mesdames, mais dans l'imaginaire. Et en vrai, faîtes-vous lobotomiser. C'est une grosse daube, je vous avais prévenu.

 

On peut voir en revanche voir ces petites merveilles : Lolita en livre de Nabokov ou en DVD de Kubrick, Baby Doll, le délicieux film d'Elia Kazan, Shutter Island en livre en BD ou en DVD, ou le château de l'araignée de Kurosawa inspiré par Macbeth de Shakespeare.  

Publié dans culture et confiture

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G
Hihi, l'avantage des daubes c'est qu'elles fournissent souvent d'appréciables chroniques pleines de verve !
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L
Ta daube m'a amusé. Bise, papa
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