La sueur des autres

Publié le par arille

On a peu l’occasion, adulte, de toucher la sueur de l’autre. Brièvement, dans certains sports de combat, ou dans un bus ou un métro bondé, et c’est alors vécu de façon très désagréable. En amour, c’est différent. Si on se retrouve dans les bras de cet autre-là, c’est qu’on aime tout ce qui émane de lui (d'elle).

 

Je me souviens de cette sensation fréquente, enfant, de mains longuement tenues  pour faire des rondes et les rapides échappées des mains moites pour un essuyage furtif sur les vêtements pour ne pas perdre de temps de jeu. Les petites mains qui reviennent vite à leur place dans la moiteur des autres mains.

 

Je pensais à cela alors que je dansais avec d’autres adultes et que je surprenais ces gestes furtifs de mains vite essuyées reprenant la danse. Je pensais à cela, les mains posées à plat sur la colonne vertébrale d’un jeune homme de mon cours de théâtre dont je sentais la sueur collée au tee-shirt. Et je pensais à cette vérité oubliée depuis l’enfance : la sueur de l’autre n’est pas un acide mortel. Elle ne nous entraîne pas dans un monde parallèle, elle ne nous métamorphose pas en monstre. Elle ne nous anéantit pas.

La sueur de l’autre est juste un peu de l’autre qui s’échappe par les pores de sa peau sous forme liquide. C’est une pluie contre laquelle il n’est pas nécessaire de construire des digues.

 

Et quand on ne sait plus si c’est la sueur de l’autre ou la nôtre, le vrai truc peut commencer. 

Publié dans Propos engagés

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J
<br /> un rhume est si vite arrivé ...et pas si vite reparti<br /> <br /> <br />
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S
<br /> Sauf si on ne peut pas le sentir...<br /> <br /> <br />
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