Le remplaçant

Publié le par arille

Je m’attendais à être déçue. Je le suis souvent quand je m’enthousiasme, mais pas toujours. J’étais tombée par hasard sur une interview d’Agnès Desarthe ; une voix claire et des propos d’une grande intelligence, voilà tout d’abord ce que j’ai perçu. Elle disait que d’après elle, la plupart des gens ne comprenait rien au monde. C’est aussi ce que je pense, y compris pour moi. Elle disait qu’elle écrivait pour comprendre. C’est ainsi qu’elle avait entamé l’écriture du remplaçant.

 

Agnès Desarthe voulait tout d’abord écrire sur un héros de la résistance, mais le personnage qui s’est imposé et qui a finalement remplacé le héros, c’est son grand-père, le remplaçant. Ou plutôt son faux grand-père, doublement remplaçant donc.

 

Et c’est un merveilleux portrait. Le portrait d’un conteur juif qui invente ses mots. Après la mort de sa femme, le grand-père s’encanaille et sort le soir avec des amis chics et élégants. Il invente des stratégies quand il a peur de rentrer le soir, seul, du parking : il crie à chaque étage « Alors, les gars, vous venez ? »

 

On imagine combien ce grand-père noceur, dilapideur et raconteur d’histoires pouvait être fascinant pour une fillette et horripilant pour les femmes adultes de la famille, lassées de ses excès.

 

Agnès Desarthe a écrit pour le comprendre et c’est un très joli livre sur un homme étonnant qui répondait toujours, quand on demandait « Qu’est-ce qu’on mange ? », « Des clous ».

Publié dans culture et confiture

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F
Des clous de girofle ?
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