Emil m'a envoyé un mail !
Moi (mail envoyé en janvier) :
Bonjour Monsieur Cioran,
Il paraît que Schaupenhauer vous a influencé. Il a écrit un essai sur les
femmes incroyable de méchanceté. Comment expliquez-vous que cet homme
brillant qui écrit divinement ait pu se tromper à ce point sur les femmes en
les comparant à plusieurs reprises à des animaux tout juste capable de
singer les hommes ?
Merci et pardonnez-moi de vous poser cette question qui porte plus sur votre
"maître" que sur vous...
arille
Emil :
Chère arille,
Je ne peux certes nier l'influence que les travaux d'Arthur Schopenhauer
ont eu sur ma réflexion. Mais je dirais que si on peut le qualifier de
pessimiste, je me rangerais plutôt du côté des sceptiques et des
nihilistes. Aussi, la place qu'il accorde par exemple à nos instincts, à
la souffrance et à la douleur profonde de l'expérience humaine me
touche. Et tout comme lui, je crois que l'art ou l'écriture sont des
stratégies qui nous réchappent un peu.
Ceci dit, on ne peut que constater que ce fils d'un père tout
probablement "suicidé" n'était pas très doué pour la commerce des
hommes, et des femmes... Qu'il ait quitter l'Université de Berlin après
6 mois d'enseignement par absence d'étudiants et qu'il ait passé les 27
dernières années de sa vie avec Atma et Butz, ses caniches, en
témoignent. Ses obscurs démêlés avec Caroline Marquet ajoutent aussi à
sa misanthropie. Mais comment dire plus, comment expliquer? Tant de
chemins, de frustrations, d'inconsolations peuvent mener à la
détestation permanente, irraisonnée.
Mes respects
Émil
Comme nous ne le savez peut-être pas, j'ai des discussions passionnantes avec des artistes morts. C'est l'avantage d'Internet, on peut continuer à correspondre de l'au-de-là, par contre, c'est long, mais je suppose que la notion du temps n'est pas la même quand on a l'éternité. Tout de même je me demande s'il a voulu faire un jeu de mot avec son "réchappent un p(n)eu ?"