Je ne la tiens plus !
J e ne sais pas ce qui se passe avec arille, mais en ce moment la ménagère de plus de 50 (hé hé elle n'aime pas) s'agite comme une fourmilière. Elle vient de faire avec l'autre ébouriffée un stage de théâtre sur le corps et le mouvement. Elle en est encore chamboulée, et l’autre doit être dans le même état. La belle affaire ! Elle n'arrête pas de pérorer toute la journée et de se dandiner...
« Regardez-moi ! Mon dos est tout musclé ! Je peux tenir sur une jambe pendant une heure ! J’ai perdu un kilo ! » Vraiment, il n’y a pas de quoi se vanter ! Surtout qu’elle a payé pour ça. Encore heureux que ça ait produit des effets, non ? Mais non, je ne suis pas d'humeur méchante. De toute façon j'étais là. J'ai tout vu. Le premier jour elles ont appris à se donner des coups de poing. "Oh excuse-moi, j'ai si peur de te faire mal ! Oh ça va, pardon et repardon." L’Italien qui leur sert de prof en a eu marre de les voir aussi peu viriles alors il leur a demandé de se battre toute seule. Et même là c’était mou.
Le deuxième jour ça a commencé à se corser quand il a fallu comprendre certains mots comme plan vertical, horizontal ou oblique. On aurait dit qu’on leur parlait chinois. Entre celles qui essayaient de gagner du temps en filant aux toilettes et celles qui n’y comprenait vraiment rien ! Pourtant c’est pas bien sorcier ; se déplacer sur un plan ou dans l’espace. On ne leur demande pas de voyager dans le temps.
Le troisième jour elles ont dû travailler à se déplacer en énergie libre ou contrôlée, lentement ou soudainement, de façon lourde ou légère, et dans un espace à une dimension, deux ou trois. La phrase préférée des grandes apprenties comédiennes : "j’comprends pas…." A la fin de la journée elles (je dis elles mais un pauvre gusse était dans le lot) ont fait une démonstration à quatre de je tombe de ma chaise au ralenti, un grand moment fort palpitant. Et là aussi, vas-y que je m’excuse de te toucher le pied avec le bout de la fesse. Ridicule !
Je dois avouer que le quatrième jour, j’ai été ému par la danse de ma dame œil de martien. Une grâce soudaine l’a prise et j’avais devant moi la femme éternelle, Brigitte Bardot jeune, Marylin, dame Alginate ou Shéhérazade. Gasp…
Le jour suivant elles ont retrouvé un peu de pêche. Elles ont même arrêté de jouer aux sumos quand il s’agissait de faire les lourdes. Elles commençaient vaguement à comprendre qu’elles devaient arrêter de cogiter mais juste y aller. C’est quelque chose que nous savons faire facilement nous les mecs, arrêter de cogiter et y aller, mais pour elles il a fallu presque une semaine et l’épuisement le plus total.
Enfin arille a osé danser en chantant. Voilà sa chanson : « Je serre le poing droit, je coupe la tête, et fente en avant et j’ouvre les bras, regarde la main, regarde le ciel, et ron et ron arrondis-moi ça » Les paroles sont absurdes mais avec la danse ça t’avait de la gueule, il faut le dire.
Le dernier jour le prof a été pris de folie. Il leur a fait répéter et répéter toute la journée cette phrase :
« Prends cette fourchette. Celle-là. Pique dans le vide. Six fois, le long des vertèbres, tu sens ? Enfonce »
Enfin un peu de méchanceté gratuite ! Elles ont répété, on ne peut pas leur enlever ça. Elles répétaient : PRRends cette FFourchettte, CCelle- LLà !!!, quand dehors on a entendu « MMMiam MMmiam !!! » Quelle rigolade !!! Pour finir elles ont fait un spectacle assez cocasse avec une devant et trois derrière faisant une danse de leur invention sur une chanson de leur invention. Il leur a fallu une semaine pour ça !! Et puis les bisous de fin de stage, presque les yeux mouillés de tristesse de ne plus se voir. Ah la la, les charmantes gonzesses...