Chez les gens
Chez les gens c'est pas pareil. Il y a des bestioles étranges qui ont des noms, tandis que mon chien Pitch est assez réglo.
Chez les gens, il y a des photos, des souvenirs de voyages qui portent le nom des villes ou des pays, et il y en a tant, de ces souvenirs, qu'on ne peut les voir tous. Sans doute même que certains se sont glissés sous les lits, dans les placards, ou derrière un radiateur. Et moi j'ai horreur des photos de voyages des gens.
Chez les gens parfois, il n'y a rien, comme si les gens voulaient absolument partir de zéro, ne pas s'encombrer parce qu'ils sentent qu'ils vont avoir besoin de beaucoup de murs vides pour mettre les trophées de leur bonheur à venir.
Chez les gens, souvent, les livres se cachent ou bien au contraire se montrent ostensiblement. Le dernier Paul Auster, bien posé sur la table du salon, pas encore ouvert, peut-être jamais, mais là, pour l'instant, bien propre et brillant.
Chez les gens, un lave-vaisselle. Je hais les lave-vaisselle, mais je ne sais pas pourquoi.
Chez les gens, parfois, des herbes aromatiques avec l'étiquette comme pour ne pas confondre.
Chez les gens des drôles de photos dans les toilettes. Des fois, des chaussures, des fois, des bâtonnets dans un petit verre avec du liquide dedans, pour que ça sente bon.
Chez les gens des choses à manger, souvent trop, parfois, pas assez. Jamais comme il est nécessaire.
Chez les gens des machines à café dans lesquelles il faut mettre une capsule et appuyer sur un bouton pour doser la grandeur du café.
Chez les gens un jardin avec des trous, des fontaines, des statues. Un lapin avec des gros yeux noirs et des petites oreilles.
Chez les gens parfois presque rien, des chaises de jardin, une configuration de balcon, un calme, enfin.