Le silence des poètes

Publié le par arille




Le plus étonnant et émouvant, chez les poètes, est leur silence. J'aime le moment où ils se taisent après avoir parlé, chanté, joué du saxo, gravé des lettres, grimpé des échelles ou nagé. Alors le vent s'empare de leurs cheveux très très lentement et les fait bouger si légèrement qu'on croit qu'ils se sont perdus dans des toiles d'araignées. Certains ricanent et n'empruntent pas le chemin des charmes, ils résistent. Moi non. Je veux être bercée par le silence des poèmes.

Je veux aussi voir des choses que je ne dirai pas. Comme :


Dans l'escalier du restaurant le soir
Marie trébuche en jambes blanches et culotte noire
Absurdement horizontale et invisible en cet instant brutal

La voix des yeux de martien interroge sa Mémé
Comment épater les poètes, Mémé ?
Joue d'un accordéon de papier noir
  !


L'année nouvelle commence
Nicolas et Yasmina s'embrassent
En robe rose et montre carrée, puis rien

Une fillette m'appelle Maman, elle croit que j'ai trente ans,
Que j'ai connu la première guerre mondiale
Elle s'appelle Lorena mais je la nomme Sirena

J'espère plus de ce silence encore, de ce silence si joyeux.

Publié dans AMITIE

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