Où l’on convoque moult personnes pour parler en baillant

Publié le par arille

Le patron de mon patron de mon patron de mon patron est le grand chef d’une administrakion célèbre. Et comme il y a en ce moment dans les administrakions grandes réformes en vue, le patron de mon patron… a voulu parler à son personnel. L’intention était bonne. Nous fûmes convoqués à 14h30 pour lui permettre de nous parler à 15h 15. Inutile précaution, les fonktionnaires (enfin, ceux-là), sont ponctuels. Nous attendîmes gentiment.

 

Enfin, le numéro 2 entra (c’était le signe que peut-être le numéro 1 allait arriver tôt ou tard, en réalité vingt bonnes minutes furent nécessaires). Alors que numéro 2 entra les stores s’ouvrirent automatiquement pour signifier que numéro 2 était un homme brillant. On attendit encore. Dans la vaste salle, beaucoup de sièges vides.

 

Enfin numéro 1 entra. On attendit encore. Un appel fut lancé pour demander s’il y avait dans la salle non pas un médecin mais un technicien. L’homme en noir qui a toujours l’air de venir de Pluton était bien à proximité. On attendit encore.

 

Puis numéro 1 parla pour commenter la circulaire qui venait de sortir, qui « fermait quelques portes et en ouvrait d’autres, enfin peut-être, ce n’était pas sûr. » Numéro 1 pataugeait. Son discours ressemblait à de la bouillie pour chats. Je piquai du nez sur mon programme cinéma. Lui-même me parut s’endormir. Il continua à parler en baillant. C’était navrant.

 

Même moi qui pense avoir de l’imagination, je n’aurais pas osé une telle fin. Numéro 1 dit : « Il faudra veiller à ce que le personnel soit bien au courant des suites ». Or c’était à son personnel qu’il parlait, l’avait-il oublié ? Se croyait-il seul avec numéro 2 qui change de poste dans le mois, et qui peut bien promettre tout ce que numéro 1 voudra…

 

Le moment des questions arriva, mais il n’y en eu aucune, ce qui est proprement saisissant. Numéro 1 avait atteint son objectif qui devait être de nous anesthésier. Aucune étincelle, aucune lueur n’a une seule fois brillé dans l’œil du pitoyable orateur. Je préfère mille fois l’humour de mon dentiste qui m’a récemment affirmé que je serai la reine de la soirée (parce qu’il me posait une couronne). Et numéro 1 gagne dix fois ce que je gagne ! J’ai honte de mon administrakion.

 

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