La fesse de Marie-Jo
Rien n’intéresse plus Marie-Jo que ses fesses. Même l’entretien de ses cheveux la passionne moins, c’est dire. De tous ses amants passés, Marie-Jo regrette le seul qui savait si bien parler de ses fesses. Nul besoin pour cela de longs poèmes. « Comme tu as un beau cul ! » suffit.
Mieux que la campagne américaine, mieux que la récession, de tous les sujets de conversation, Marie-Jo préfère ses fesses. Leur densité, leur forme. Elle se pense suivie par deux fermes pommes. Voilà pour le rêve. Quant à moi, les fesses féminines ne m’ont jamais passionnées, pas même les miennes pourvu qu’elles rentrent sans rechigner dans mes pantalons.
Marie-Jo calibre ses fesses qui font, dit-elle, du 34 ! La seule chose qui la chagrine vraiment, c’est qu’elle ne puisse pas les observer à son aise. Ah ! Si elle pouvait se suivre pour se regarder marcher, si elle pouvait jauger l’excellence de ses fesses ! Elle pourrait alors tendre vers la perfection des fesses.
A défaut de se voir de dos, Marie-Jo cherche un appui, un œil, un jugement sûr. Elle fait appel à moi : « Je vais marcher devant toi et tu vas me dire comment elles sont, d’accord ? »
Comment lui refuser ? Un rapide coup d’œil n’offensera pas ma pudeur. Et que vois-je ? Je vois une petite femme dodue juchée sur des talons de douze centimètres moulée dans un pantalon trop petit. Quant à l’objet de notre étude, j’en suis moi-même sidérée. Car ce que je vois en fait, ce ne sont pas deux fesses mais une seule boule. Comment est-ce possible ? Les deux fesses sont-elles si compressées qu’elles se rejoignent et se collent effrayées l’une à l’autre ? Une chanson de Brassens vient en aide à mon esprit dérouté. L’histoire d’un type qui après avoir fessé son amie découvre qu’il a frappé si fort que le cul s’est fendu.
Voilà l’explication ! Il a manqué à Marie-Jo l’expérience d’une bonne fessée !