Nous ne faisons pas le récit de notre vie parce que nous avons une vie à raconter, nous avons une vie parce que nous la racontons

Publié le par arille

L’un des crédos de Culture et LibertéGaronne*, qui se consacre à l’éducation populaire, est la nécessité de se raconter pour entreprendre. La distance que l’on prend sur son passé et les allers retours constants que l’on fait sur son présent sont un moyen de rassembler une cohérence et une lucidité sur soi très utile à l’action et à l’affirmation. Mais Culture et Liberté n’a pas d’ambition thérapeutique, il s’agit d’une démarche d’action.

 

L’association organise des ateliers d’écriture. Parfois, lorsque la périodicité est de deux fois par mois, les participants se réunissent toutes les semaines même sans l’animateur pour inventer leur propre atelier. Et en juin, Culture a organisé une formation d’animateurs d’ateliers d’écriture.

 

Depuis quelques années, les projets européens suscités par Culture et liberté comme le projet CRIAR permettent de connaître la pratique des ateliers d’écriture au sein d’autres associations au Portugal, en Italie ou en Espagne. C’est passionnant de voir que tout est différent ailleurs et que nous avons encore tant à apprendre.

 

En Italie par exemple, la collaboration avec une jeune universitaire a permis de finaliser une méthode de récolte des informations qui porte ses fruits. L’association d’Amalfi va éditer un livre sur les métiers anciens. Les récits individuels donnent une compréhension collective du lieu et de l’époque très fine. Amalfi, village d’escaliers, grimpe et descend sur l’échelle de son temps.

 

En Espagne, la parole libère nombre de femmes. Les bouches closes pendant des années s’ouvrent à nouveau. Les anecdotes pleuvent et offrent là aussi la compréhension d’un lieu que l’on peut adopter et ainsi mieux habiter.

 

En France, nous avons une approche plus personnelle et fantaisiste. Nous aimons imaginer et inventer. Sans doute est-ce pour cette raison qu’il est plus difficile pour nous de nous retrouver sur un lieu et une époque. Pourtant, la pratique de la reconnaissance des acquis de l’expérience permet, par l’intelligence qu’elle développe dans la manière de parler de soi, une compréhension de l’humain qui touche par sa simplicité. Alors, si nous arrivons à ce que chacun puisse mieux parler de soi et mieux habiter sa vie, le terme d’éducation populaire auquel nous tenons ne sera pas volé.

 

*Je soutiens cette association. J’admire les salariés qui attendent, faute de rentrées régulières, parfois des mois pour être payés. Pourtant, quand ils parlent de Culture et Liberté, les salariés comme les bénévoles parlent de chance

Publié dans Propos engagés

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